[Test] Alien³ [Mega Drive]

1992 : Après une production bordélique et coûteuse où scénaristes et réalisateurs se sont enchainés durant plusieurs années, la Fox s’apprête enfin à sortir dans les salles le troisième volet d’Alien. Alors que l’on parle d’une production capable de mettre le studio dans la panade, celui-ci développe volontiers sa licence pour les « besoins » du merchandising afin de (potentiellement) sauver les meubles. Rapidement, figurines, novélisations, pub pepsi (!) et…jeux-vidéo se déploient progressivement.



Les versions pixélisées seront confiées à Sega pour l’arcade, et à Acclaim, spécialiste des adaptations de films, pour les machines de salon.  Ainsi, et de façon inédite dans l’histoire de la saga, Alien³  va se retrouver transposer sur une ribambelle d’appareils durant les douze prochains mois.



Il y a toutefois urgence : programmé au cinéma à l’été 1992, l’éditeur doit absolument commencer le déversement de xénomorphes sur les consoles pourtant dites « familiales » la même année. Et c’est la Mega Drive qui ouvre le bal à l’automne 92…


Adaptation libre
 
Adaptation de film oblige, quelques mots s’imposent quant à la fidélité du matériau de base. Ici, il est évident que l’équipe de Probe en charge du développement, n’a guère eu le privilège d’une avant-première. Aussi, l’équipe a-t-elle travaillé sur des photos promo ou au mieux, une bande-annonce. Preuve en est, l’écran de fin qui en plus d’être frustrant (plutôt pauvre pour un jeu assez robuste) témoigne d’une conclusion aux antipodes de celle du long-métrage ! Il faudra à ce niveau, attendre la tardive version Snes pour avoir une correction.

De plus, l’abondance de monstres rapproche ce soft du film précédent, Aliens. Au même titre, que le gros flingue qu’aborde Ripley ici et qui est l’héritage direct du film de Cameron. Reste les décors qui évoquent (parfois) ceux du film, le beau crâne rasé de Ripley et surtout, la sobre et élégante affiche du film, reprise pour les besoins de la jaquette, qui apposée sur un boitier Mega Drive est du plus bel effet !



"Vous êtes tous condamnés. Alors le problème, c'est de savoir comment vous allez y passer. Debout, sur vos deux pieds, ou à genoux, comme des péteux ?"

La cartouche enfourchée dans la 16 bits, Alien³, se présente comme un jeu mélangeant action, réflexion et plate-forme. Chaque « monde » est constitué de trois niveaux qui se concluent tous par l’affrontement d’un boss, à chaque fois une reine Alien. Chaque level, se limite par un temps limité durant lequel, il faut trouver les prisonniers disséminés ici et là sur la carte. Pour se faire, il faudra emprunter les couloirs, sauter des plates-formes, prendre des monte-charges.

 
Sur Mega Drive, le titre présente un beau rendu avec des décors fouillés et des sprites de bonne facture. Globalement, cette version 16 bits est un poil moins belle que la version Amiga débarquée au même moment et qui bénéficie pour sa part de couleurs plus éclatante. On sera tout de même surpris d’évoluer dans des décors bien gore (deuxième monde, par exemple) dans lequel du sang semble jaillir des carcasses au second plan. Pourtant, à l’époque, personne ne s’en émeut. Paradoxalement, la même équipe (Acclaim/Probe) défraiera la chronique l'année suivante avec son légendaire "code sanguinaire" dans Mortal Kombat sur les machines de Sega.



Toutefois, le boss inhérent est absolument hideux, le design de celui-ci est foiré et on peine à reconnaitre une reine Alien.


Côté jouabilité, on retrouve vite la pâte Acclaim dans le gameplay qui montre une certaine rigidité. Ellen Ripley se manie globalement assez facilement mais les phases de sauts sont simplement, épouvantables et souvent frustrantes. Clairement, il y avait mieux à faire à ce niveau-là.


Impossible de reprendre la superbe composition d’Elliot Goldenthal sur cartouche, la petite équipe compose alors pour les besoins du jeu des musiques efficaces mais qui, bizarrement me sembleront supérieures pour les versions 8 bits de Sega. Les bruitages des aliens qui explosent sont, en revanche épouvantables et on a l’impression d’exploser des camion citernes à chaque fois.



Bis, repetita

Il est évident que le chrono, l’aspect labyrinthique et les nombreux couloirs étroits tentent de retranscrire fidèlement l’atmosphère de la saga tout en offrant un défi (un peu) stressant au joueur.


Néanmoins, le jeu souffre clairement d’un manque de variété criard. Là encore, les délais pour coller le plus rapidement possible à la sortie du long-métrage ont peut-être pesés. Les phases de gameplay ne cherchent jamais d’alternative et les niveaux s’enchaînent avec un air de déjà-vu. Les ennemis ne sont guère multiformes et se présentent au nombre de…trois : xénomorphes, facehugger, et reines (qui se ressemblent toutes). Un peu chiche. D’autant que, quitte à prendre des libertés, l’équipe aurait pu faire preuve d’audace.

 
Pour résumer : plus de trente ans après sa sortie (!), Alien³ se parcourt avec une certaine nostalgie. Le titre constitue encore un vrai défi (même en mode « easy »). Cette première incursion du xénomorphe sur consoles de salon invite à la bienveillance mais sa trop grande redondance finit par entacher l’expérience globale.

Il est d’ailleurs surprenant, qu’à sa sortie, le titre ait bénéficié d’une certaine clémence de la part des journalistes, comme en témoigne ces quelques tests :


Joypad

Player One

Consoles +

Gamepro

Gamezone

J'ai vraiment bien aimé la version Super Nintendo ainsi que la version Megadrive, le jeu est vraiment très dur mais l'ambiance est là.
Pour un jeu à licence c'était déjà bien et surtout assez rare à l'époque !

Jack Oneil 

Vraiment chouette tes p'tits tests 🧒
Belle mise en forme avec les flyers, les pubs et les screenshots.
Ni trop court ni trop long, moi j'aime bien.

J'ai surtout connu la version SNES, sombre et labyrinthique à souhait, mais le jeu Megadrive m'a toujours fait de l'oeil

fiston a écrit:Vraiment chouette tes p'tits tests 🧒
Belle mise en forme avec les flyers, les pubs et les screenshots.
Ni trop court ni trop long, moi j'aime bien.

 
Merci beaucoup !

tieutieu a écrit:J'avais préféré à l'époque la version MD, je crois ne l'avoir jamais fini à l'époque... Trop la flemme de mapper les derniers niveaux
La version snes était vraiment plus jolie et plus réussie niveau ambiance mais je ne comprenais rien à ce qu'il fallait faire (pour moi un jeu de plateforme c'était juste d aller de la gauche vers la droite, alors j'étais complètement paumé ahahah)

Exact, la version snes est plus "brouillonne" à cause du tableau de commande sur lequel il faut passer pour connaître les objectifs et terminer chaque niveau. Mais techniquement, c'est assez magnifique.

François a écrit:J'ai surtout connu la version SNES, sombre et labyrinthique à souhait, mais le jeu Megadrive m'a toujours fait de l'oeil

Globalement, l'aspect sombre et labyrinthique est présent dans toutes les versions du jeu. Tu ne devrais donc pas être déçu par celle-ci également.

La version Megadrive s'éloigne de l'univers du film par rapport a la version SNES, mais au final cela donne un jeu type arcade très nerveux et prenant. J'adore ce jeu

dami1 a écrit:

François a écrit:J'ai surtout connu la version SNES, sombre et labyrinthique à souhait, mais le jeu Megadrive m'a toujours fait de l'oeil

Globalement, l'aspect sombre et labyrinthique est présent dans toutes les versions du jeu. Tu ne devrais donc pas être déçu par celle-ci également.

Allez, tiens, je vais m'en faire une partie histoire d'en avoir le coeur net : je doute quand même que niveau horreur labyrinthique, le jeu MD puisse faire pire que le stage 5 de la version SNES. Celui-là a marqué les joueurs, mais pas dans le bon sens, et j'en avais souri en parcourant une soluce sur Gamefaqs :

The game designers prove their hate towards you with this Stage.

François a écrit:

dami1 a écrit:

François a écrit:J'ai surtout connu la version SNES, sombre et labyrinthique à souhait, mais le jeu Megadrive m'a toujours fait de l'oeil

Globalement, l'aspect sombre et labyrinthique est présent dans toutes les versions du jeu. Tu ne devrais donc pas être déçu par celle-ci également.

Allez, tiens, je vais m'en faire une partie histoire d'en avoir le coeur net : je doute quand même que niveau horreur labyrinthique, le jeu MD puisse faire pire que le stage 5 de la version SNES. Celui-là a marqué les joueurs, mais pas dans le bon sens, et j'en avais souri en parcourant une soluce sur Gamefaqs :

The game designers prove their hate towards you with this Stage.

La version Snes reste au-dessus selon moi, surtout à ce niveau-là. Les niveaux sont bien plus complexes que sur MD mais elle a bénéficié d'un développement plus long. Mais, si tu as aimé cet aspect, tu devrais malgré tout y trouve ton compte chez Sega.

Bizarrement, la presse a globalement mis de moins bonnes notes à la version snes. La "hype" était peut-être passée ?

Merci pour ce test ! 

Le film, j'avais été très déçu à l'époque.

drfloyd a écrit:Merci pour ce test ! 

Le film, j'avais été très déçu à l'époque.

Le film semble avoir beaucoup divisé à sa sortie, à cause de son côté très nihiliste.
Perso, je l'adore et le générique de la FOX qui donne le ton dès le début, est mémorable...  

dami1 a écrit:
Bizarrement, la presse a globalement mis de moins bonnes notes à la version snes. La "hype" était peut-être passée ?

Sans doute que le soufflé était retombé, et ce d'autant plus rapidement qu'Alien 3 a vite revêtu la réputation d'un film soporifique (en quoi il y a du vrai : autant la première partie de l'histoire est vraiment pas mal, autant je trouve que la seconde traîne en longueur).

Je crois aussi que les notations moyennes du jeu SNES sont dues à ses défauts objectifs :
- Les labyrinthes : sur MD, ils tiennent sur un seul plan ; sur SNES vous avez un ensemble de zones superposées, connectées les unes aux autres par le biais de portes. Sur le papier c'est vraiment pas mal, ça donne une architecture plus réaliste aux lieux. Dans la pratique, passés les premiers stages, ça devient l'enfer pour se repérer, le level design se faisant de plus en plus tortueux. Histoire de bien empirer les choses, certains objectifs contraignent Ripley à condamner des issues au chalumeau, soi-disant pour freiner la progression des aliens : non seulement, ça ne change rien au déferlement des créatures, mais pire, cela prive le joueur d'une issue et l'oblige à emprunter des détours pas possibles pour atteindre les objectifs suivants. Une purge, disons-le.
- Le respawn : Probe, dans cette version, a décidé de mettre de côté le timer présent sur MD. En soi, je trouve que c'est une bonne idée : j'aime bien prendre mon temps pour parcourir les niveaux d'un jeu, quelqu'il soit. Problème : histoire de maintenir une tension sur le joueur, les développeurs n'ont rien trouvé de mieux que d'intégrer un respawn ennemi juste hallucinant ; faites juste trois pas après avoir vidé un chargeur sur un xénomorphe adulte, et youp, il est déjà de retour. Le cauchemar. Pour moi, c'est vraiment LE truc qui a tué le jeu.

Autrement, il n'était vraiment pas mal sur la forme : une petite intro qui fait son effet, des décors plus variés et soignés que sur MD, un bestiaire plus étoffé, des musiques inspirées du style de James Horner sur Aliens... Mais à côté, des défauts rédhibitoires qui m'empêchent d'avoir une véritable nostalgie pour ce titre. Par ailleurs, j'ai fait quelques parties sur la version MD, et bien qu'elle soit plus limitée, plus répétitive, je trouve le jeu nettement plus solide. Moins ambitieux dans son propos, certes, mais plus abouti dans sa sobriété.

Dans tous les cas, je vous invite à vous essayer aux différentes versions d'Alien 3 : elles ont, pour la plupart, un petit quelque chose qui les rend uniques. Ainsi, j'ai beaucoup apprécié la version Game Boy qui, comme souvent avec ce support, sort des sentiers battus ^^

Le film est assez bavard en effet, surtout dans la version Assembly cut (sortie en 2003). 

Mais je partage ton avis, la "hype" Alien 3 était terminée lors de la tardive sortie snes (retardée x fois, je crois), ce qui n'a, sans doute, pas aidé dans l'attribution de retours élogieux. 
Sinon, j'avais également bien aimé la version GB avec ses belles cutscenes, et son gameplay centré davantage sur l'aventure.

Attention aux horreurs tout de même : la version commodore 64 est dispensable (mais pour le support, il paraît que c'est beau) et surtout, la version NES est daubesque !

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